Résumé du trimestre
Au cours du trimestre analysé, la situation sécuritaire et de protection dans la province du Nord-Kivu a été gravement affectée par une recrudescence d’incidents. Au total, 20 incidents majeurs de protection ont été documentés dans les territoires de Nyiragongo, Walikale, Masisi, Rutshuru et Lubero, ayant causé 645 victimes identifiées, dont 412 hommes, 126 femmes, 53 garçons et 54 filles. Ces violations ont ciblé plusieurs droits fondamentaux :
- Atteintes au droit à la vie : 167 victimes
- Atteintes à la liberté et à la sécurité de la personne : 201 victimes
- Atteintes à l’intégrité physique et/ou psychique : 118 victimes
- Violences basées sur le genre (VBG) : 109 victimes
- Atteintes au droit à la propriété : 50 victimes
Par ailleurs, quatre vagues de déplacement ont été observées, liées principalement aux affrontements opposant la coalition Wazalendo-FARDC au groupe armé M23/AFC. Ces déplacements ont concerné 277 ménages, soit 1 881 personnes déplacées, comprenant 371 hommes, 503 garçons, 421 femmes et 586 filles. Ces mouvements sont principalement originaires de Kibati et Kibuwa (Walikale) ainsi que Nyabiondo et Kashebere (Masisi).
Méthodologie de collecte
La collecte de données s’est appuyée sur une approche combinée (individuelle et communautaire), en partenariat avec des relais communautaires, comités locaux de protection, points focaux communautaires et l’analyse documentaire. Cette méthode a permis de garantir une couverture géographique étendue et une représentativité des informations.
Analyse contextuelle par territoire
- Nyiragongo : Bien que calme relatif soit observé, quelques détonations d’armes lourdes continuent d’être entendues près du Parc national des Virunga. Le territoire reste un point de concentration élevé de déplacés internes.
- Beni : Une accalmie relative est signalée en raison des récentes offensives menées par les armées congolaise et ougandaise contre les ADF-MTN, repoussant ces derniers vers le territoire voisin de Mambasa.
- Masisi : Les affrontements entre les M23/AFC, les FARDC et les groupes Wazalendo ont déstabilisé durablement les groupements de Bashali-Mokoto, Bashali-Kaembe, Kamuronza et Mupfunyi-Matanda. Malgré le cessez-le-feu négocié par le Qatar, les combats persistent, entraînant de nouveaux déplacements massifs et des pertes humaines et matérielles considérables.
- Ville de Goma : La ville est plongée dans une insécurité croissante. Plus de 151 habitations ont été visitées par des bandits armés en trois mois, surtout dans les quartiers de Ndosho, Katoyi, Kasika, Virunga, Bujovu, Mugunga, Kyeshero, Mapendo et Lac Vert. Selon les acteurs de la société civile, entre 2 à 7 personnes sont tuées ou enlevées quotidiennement, majoritairement par des individus en uniforme.
- Walikale : Dernier bastion non encore occupé par le M23/AFC, Walikale subit une pression accrue. Le 22 avril 2025, des combats à Kibati ont provoqué des pertes en vies humaines et des destructions, poussant des centaines de civils à fuir vers Walikale centre, la forêt environnante, ou vers Punia (Maniema).
Réponses observées
- Autorités locales : Des appels ont été lancés aux autorités pour renforcer la sécurité à Goma, où les populations sont victimes de violences quotidiennes et de vols à main armée.
- Centre pour la Santé et les Droits des Femmes (CSDF) : Le CSDF poursuit ses activités de sensibilisation, y compris en ligne, contre les violences basées sur le genre, et renforce ses collaborations avec d’autres acteurs locaux et internationaux afin d’offrir une réponse coordonnée.
- Partenaires humanitaires : Les clusters sectoriels poursuivent la coordination des interventions à travers des réunions bimensuelles, en assurant un partage régulier d’informations sur l’évolution de la situation humanitaire et les besoins des populations affectées.
Recommandations clés
- Goma (Kasika, Katoyi, Mugunga, Lac-Vert, Mabanga Nord, etc.) : Fournir une assistance alimentaire d’urgence par les clusters Sécurité Alimentaire, Protection, PAM, UNHCR.
- Walikale (Kibua, Kibati, Mubi) : Apporter une assistance alimentaire, en abris et en cash à plus de 1 000 ménages retournés.
- Nyiragongo (Kibumba, Rusayu, Mudja) : Assurer une assistance alimentaire d’urgence aux PDI des villages.
- Rutshuru (Kibirizi, Jomba, Karenge) : Fournir une aide alimentaire et un appui pour l’obtention de documents civils aux nombreuses PDI.
- Beni (Mavivi, Mamove, Irengeti) : Répondre aux besoins alimentaires et de protection des PDI privées de documents civils.
- Masisi (Nyabiondo, Kimoka, Sake) : Soutenir 550 ménages retournés avec des abris, assistance alimentaire et cash.
- Lubero (Kanyabayonga, Kirumba) : Offrir une assistance intégrée (abris, cash, alimentation) à 242 ménages retournés récemment.
Conclusion
La détérioration persistante de la situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Nord-Kivu exige une mobilisation urgente et coordonnée des autorités, des partenaires humanitaires et de la société civile. L’ampleur des violations des droits humains, les déplacements massifs de populations et les besoins non satisfaits appellent à une réponse rapide, centrée sur la protection, l’assistance humanitaire multisectorielle et la restauration de la dignité des populations affectées.
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