En août 2025, la situation sécuritaire dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Walikale, Nyiragongo, Lubero et Beni est demeurée particulièrement instable. Les affrontements entre groupes armés, les violences intercommunautaires et les opérations militaires ont provoqué des pertes en vies humaines, des destructions massives de biens, ainsi que des mouvements forcés de populations vers des zones jugées plus sûres. Les femmes, les filles et les enfants figurent parmi les catégories les plus affectées, notamment à cause des risques accrus de violences sexuelles, d’exploitation, d’enlèvements et de restrictions d’accès aux services essentiels, en particulier ceux liés à la santé sexuelle et reproductive.
- Tendances générales observées
Le monitoring de protection a couvert 20 zones de santé dans les territoires ciblés.
Le territoire de Masisi demeure le plus touché, concentrant 41,5 % des violations, suivi de Beni (24,6 %) et Nyiragongo (11,5 %). Malgré une baisse globale de 5 % des violations, une recrudescence est observée à Masisi (+16 %) et Beni (+28 %) par rapport à juillet 2025. La couverture reste limitée à Walikale (uniquement la zone de santé de Pinga) tandis que Butembo et la ville de Beni n’ont pas été incluses dans le suivi.
- Les principales violations documentées concernent :
- Les coups et blessures (18 %),µ
- Les homicides (17 %),
- Les enlèvements et disparitions forcées (16 %),
- Les pillage et destructions de biens.
Ces tendances traduisent une dégradation continue du respect du droit à la vie et à l’intégrité physique.
- Violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG)
En août 2025, le monitoring a enregistré 186 cas de violences basées sur le genre, dont 166 cas de viols, représentant près de 89 % du total. Cette tendance reste alarmante et constante depuis le début de l’année.
Les territoires les plus touchés sont Masisi, Beni, Lubero et Nyiragongo, où la présence prolongée des groupes armés et l’absence de mécanismes communautaires de protection exposent davantage les femmes et les filles aux agressions sexuelles, aux mariages forcés et à l’exploitation sexuelle transactionnelle.
Impacts sur la santé sexuelle et reproductive des filles et jeunes femmes
Les filles adolescentes et jeunes femmes subissent de manière disproportionnée les conséquences de ces violences et du contexte sécuritaire.
Plusieurs indicateurs témoignent de la détérioration de leur santé sexuelle et reproductive :
- Accès restreint aux soins SR : la fermeture ou le déplacement des structures sanitaires, combiné à l’insécurité sur les routes, limite l’accès aux soins post-viol, aux contraceptifs et à la planification familiale.
- Grossesses non désirées : les cas de viols et de rapports sexuels forcés augmentent le nombre de grossesses précoces, souvent non prises en charge médicalement.
- Propagation des IST/VIH : l’absence de dépistage et de traitement post-exposition accroît les risques de contamination parmi les survivantes.
- Stigmatisation sociale : de nombreuses survivantes, rejetées par leurs familles ou communautés, se retrouvent sans soutien psychologique ni économique, renforçant leur vulnérabilité à de nouvelles formes d’exploitation.
Le CSDF note également que le manque d’éducation à la santé reproductive et l’effondrement des réseaux communautaires de prévention aggravent les risques d’abus et de désinformation parmi les adolescentes déplacées.
- Atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique
Le mois d’août a également enregistré 168 cas d’homicides, représentant 43 % des violations du droit à la vie. Les territoires les plus touchés sont Lubero (33 %), Masisi (25 %), Beni (17 %), Nyiragongo et Goma (18 %), Rutshuru (6 %) et Walikale (1 %).
Ces données confirment la persistance d’un climat d’insécurité chronique, où la population civile est directement ciblée.
- Profil des populations affectées
Les personnes retournées demeurent les principales victimes. Au cours du mois, 852 violations ont été recensées, affectant plus de 941 personnes retournées, soit 68,7 % des victimes. Ces populations, déjà fragilisées par des déplacements répétés, font face à la perte de leurs moyens de subsistance, à la désintégration des structures communautaires et à un accès limité aux mécanismes de plainte et de protection.
- Recommandations
Les résultats du monitoring du mois d’août 2025 montrent que la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC continue d’exacerber les violences sexuelles et les atteintes à la santé reproductive des femmes et filles. Le Centre pour la Santé et les Droits des Femmes (CSDF) recommande :
- Le renforcement des cliniques mobiles et des points d’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive, notamment dans les zones de déplacement.
- La mise en place de mécanismes communautaires de prévention et d’alerte sur les cas de VBG.
- Le soutien psychosocial et juridique systématique pour les survivantes de viol et les adolescentes enceintes.
- Une coordination accrue entre acteurs humanitaires et structures locales pour garantir la continuité des services SR même en contexte de crise.
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